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Vallée de Montmorency (Val d'Oise)

Réactions à notre Consommateur du 95 n°139

Réaction de M. Guy de Closets (St Gratien) à notre article sur Linky

Mesdames, messieurs,

La lecture de votre bulletin N°139 m'amène à vous faire part de quelques réflexions au sujet du nouveau compteur électrique Linky.

Pour comprendre l'opération Linky il faut partir des données suivantes

-L'électricité ne se stocke pas, tout au moins en grandes quantités. La gestion des grands réseaux électriques a toujours eu pour objectif d'adapter la production instantanée à une demande par essence même instable et fluctuante. Les réseaux étaient donc constitués d'un nombre limité de gros centres de production à partir desquels on alimentait un très grand nombre de points d'utilisation. Il y avait donc d'une part des producteurs et d'autre part des consommateurs. Chacun avait une fonction et une seule, comme depuis la nuit des temps certains pays avaient établi des réseaux pour irriguer les cultures.
Dans cette organisation, l'énergie primaire utilisée pour produire de l'électricité était le plus souvent une énergie fossile non renouvelable, charbon, fuel ou gaz. Elles ont l'avantage de pouvoir s'adapter aux fluctuations de la demande mais toutes ont l'inconvénient de dégager dans l'atmosphère ce que l'on appelle des gaz à effet de serre, c'est à dire qu'ils contribuent fortement au réchauffement de la planète avec les effets désastreux qui sont bien connus maintenant. La France a pour sa part largement développé l'utilisation de l'énergie nucléaire, mais celle ci n'est pas dénuée d'inconvénients.

-Sans entrer plus dans le détail, disons que nous sommes entrés maintenant dans la transition énergétique pour utiliser au maximum les énergies renouvelables, sans production de gaz à effet de serre. Pour arriver à ce but, il faut utiliser au maximum les panneaux solaires et les éoliennes. Ceci change totalement la physionomie des réseaux de distribution que nous avons décrite en commençant. Tout point du réseau peut être suivant le moment producteur, consommateur, ou les deux à la fois.

La gestion d'un tel réseau pose des problèmes nouveaux d'une très grande complexité. C'est ce que l'on désigne en anglais par le terme de "smart grid" [NDLR : cette remarque "en anglais" a-t-elle un intérêt quelconque dans les réflexions ou... quoi ?], en français, les réseaux intelligents qui doivent être capables de s'adapter en permanence aux variations de l'offre et de la demande. Les contraintes découlant de ce schéma de production et consommation réparties et changeantes sont en effet très différentes de celles de l'ancien schéma.

Le nouveau principe de gestion est, non plus comme indiqué ci-dessus de produire selon la demande, mais de limiter la demande instantanée à l'offre potentielle du moment avec le moins de gène possible pour le consommateur-producteur.

Un premier moyen sera les modulations de tarif et les compteurs Linky permettront à chacun de savoir à tout moment dans quelle zone de tarif il se situe et donc d'attendre pour lancer le lave-vaisselle ou le lave-linge.

On peut également penser qu'un jour viendra où les Linky échangeant leurs informations choisiront de réduire le chauffage le temps de passer une pointe de demande, ce qui ne se ressentira pas compte tenu de l'inertie thermique des logements. o Enfin on ne peut exclure l'hypothèse où pour éviter une panne capable de s'étendre très largement ordre sera donné à tous les Linky d'une région, région dont l'étendue sera modifiable à tout moment, de procéder à des délestages partiels seuls capable d'éviter ceux, de très grande ampleur, sont la hantise des gestionnaires de réseaux.

En ce qui concerne le financement des Linky,

on ne peut pas croire qu'ils nous seront apportés par le père Noël. Ce sont des équipements qui font partie des équipements du réseau, ils appartiennent au gestionnaire du réseau et donc me semble-t-il doivent faire partie de ses investissements. En tout état de cause, sous une forme ou une autre, il apparaitra dans a facture du consommateur.

Un des points soulevés par certains contre ces compteurs intelligents c'est que, comme la facture de supermarché ou toute autre donnée nous concernera, on pourra être tenté de les vendre comme "big datas".

Je n'ai jamais travaillé à EDF ou ERDF mais ma formation d'ingénieur m'a toujours amené à m'interroger sur les grands problèmes techniques et économiques et ce que j'écris correspond à ce qu'on trouve sur le net, et en particulier sur les sites d'EDF.
A votre disposition pour en parler plus longuement.